Les parlementaires s'organisent pour auditionner les candidats à la Commission, et nous avons confronté Viktor Orban à ce qu'il cherche à cacher. Récit d'une rentrée politique.
La rentrée politique n’a pas été de tout repos sur la scène européenne. Les caméras se sont éloignées de Strasbourg après les élections européennes du 9 juin, mais l’activité politique a été particulièrement dense depuis le lancement du mandat.
Pour vous narrer ce qui se passe au Parlement pendant la mandature qui arrive, l’actualité de Renew Europe et la mienne, je me suis tournée vers Kessel pour cette nouvelle version de ma newsletter. Bienvenue dans Strasbourg Express !
N’hésitez pas à m’adresser vos retours sur ce nouveau format. C’est parti.
Ursula von der Leyen a présenté le mois dernier l’équipe de commissaires-candidats qu’elle proposera à nos votes. Un commissaire-candidat, c’est un(e) candidat(e) issu(e) de chaque pays membre de l’Union européenne pour rejoindre la Commission européenne, le pouvoir exécutif européen.
Nous avons la chance d’en compter cinq venus de notre famille centriste Renew Europe. Je vous les présente. Nous avons le Français Stéphane Séjourné en charge de la prospérité et de l’industrie, mais aussi l’Estonienne Kaja Kallas comme cheffe de la diplomatie européenne, la Slovène Marta Kos à l’élargissement, la Belge Hadja Lahbib pour la gestion des crises et l’égalité, et enfin l’Irlandais Michael McGrath pour protéger notre démocratie et notre état de droit.
Une équipe unie pour défendre nos priorités : la liberté, la prospérité et la sécurité de l’Europe.
Nos cinq candidats et leurs 21 collègues candidats à un poste de commissaire seront parmi nous à partir du 4 novembre pour des auditions parlementaires, qui n’ont pas d’équivalent chez les ministres français. Nous allons nous assurer que les commissaires-candidats ont la compétence et la droiture requises pour servir les Européens. Puis à Strasbourg, l’étape finale : le vote qui portera sur le Collège de commissaires, c’est-à-dire tout l’exécutif de la Commission européenne pour cinq ans.
Le fil rouge de cette rentrée ? La défense de nos valeurs. Nous avons eu l’occasion de les réaffirmer avec Gabriel Attal en Ukraine il y a quelques semaines. À Kyiv comme à Odessa, auprès des élus locaux, du Premier ministre et du Président du Parlement, nous avons témoigné de notre soutien au peuple ukrainien si courageux qui se bat pour sa liberté et pour l’intégrité territoriale de son pays.
Six mois après mon premier voyage en Ukraine, la même sensation m’a saisie lors de ce déplacement, à savoir un respect sans égal pour nos voisins dont la résilience est inouïe. En Ukraine, ils m’ont dit l’importance du soutien du Parlement européen dans leur combat pour la liberté. Comme au printemps, j’ai rencontré le Président Zelensky venu au Parlement il y a dix jours, puis nous avons adopté, le 22 octobre, une assistance macrofinancière européenne de prêts jusqu’à 35 milliards d’euros. Ces prêts seront remboursés à l’aide des recettes des actifs russes gelés. La Russie doit payer pour les crimes qu’elle commet. Nous aidons l’Ukraine, en actes.
Nos valeurs valent en particulier au sein de notre Europe. Car quelle crédibilité pourrions-nous avoir dans le monde si nous laissons des autocrates illibéraux détruire la démocratie sans rien faire ? J’ai confronté Viktor Orban dans l’hémicycle de Strasbourg, en débusquant devant le Premier ministre hongrois le danger qu’il représente pour nos valeurs, pour l’argent public et pour notre sécurité géopolitique. L’allié et le modèle de Jordan Bardella, qui a fanfaronné de leur proximité à cette occasion, menace nos démocraties libérales. Ne soyons pas dupes de la stratégie de banalisation du Rassemblement national alors que leurs alliés pourchassent journalistes, juges indépendants, opposants et minorités. Ne nous taisons jamais face aux autocrates.
Vous avez tous vu les images de l’arrivée de douze migrants en Albanie après la mise en oeuvre du protocole mis en place avec l’Italie de Giorgia Meloni. 48 heures. Voilà le temps qu’a duré leur rétention albanaise, avant que la justice italienne invalide le transfert de ces hommes.
L’heure est venue d’évoquer notre politique en matière migratoire.
N’y allons pas par quatre chemins. L’externalisation migratoire est une stratégie qui ne fonctionne pas. Son but principal est de dissuader des personnes d’effectuer la traversée vers l’Europe. Les conservateurs britanniques avaient tenté l’effet d’annonce par un accord avec le Rwanda : 18% d’arrivées supplémentaires. Cette prétendue efficacité n’existe pas. Ce qui existe, c’est la perte d’indépendance nationale due à ces mesures. Par de tels accords, un pays souverain se met dans la main d’un autre en lui confiant une partie des clés de sa politique migratoire. C’est vain, inefficace et dangereux.
C’est par ailleurs extrêmement coûteux. Pour la seule année 2024, le protocole Italie-Albanie aura coûté plus de 5 millions d’euros par migrant aux contribuables italiens. Le coût d’un transfert vers l’Albanie (invalidé par la justice par la suite) s’élève à 13 000 euros par migrant. Dans une période où l’argent public est plus précieux que jamais, de telles politiques coûtent une fortune aux citoyens. Pour… rien.
Au printemps dernier, nous avons adopté le Pacte européen Asile et Migration. C’est un ensemble de textes complet, concret qui doit être mis en oeuvre d’ici 2026. Avec ce Pacte, les personnes qui arrivent aux portes de l’Europe sont arrêtées à la frontière, placées dans des centres et contrôlées. Nous accélérons l’examen de leur demande d’asile pour leur donner une réponse la plus rapide possible. Ceux qui ont vocation à rester restent. Non, nous n’abandonnerons pas les femmes afghanes interdites de parler dans la rue. Ce n’est pas cela, notre civilisation européenne. Mais ceux qui doivent repartir repartent. Simple, basique.
Il y a urgence à ce que les Etats membres appliquent ce Pacte, entièrement et sans délai. Travaillons en Européens à renforcer les briques manquantes, la révision de la directive européenne sur les retours et la réponse à l’instrumentalisation migratoire cynique de la Russie aux portes de la Pologne et de la Finlande.
Mais les solutions nationales dites “innovantes” ne font que fragiliser notre Europe, alors que tous les indicateurs démontrent à quel point elles ne fonctionnent pas. Alors c’est non.
L’OPINION - Tranquille ou non, la démocratie est un long fleuve. Chronique.
LE MONDE - La réponse migratoire ne se trouve pas dans des mesures de surface. Tribune.
LA TRIBUNE DIMANCHE - “Bruno Retailleau agite de fausses solutions”. Interview.
L’OPINION - De Viktor Orbán à Jordan Bardella, un même dessein pour l’Europe. Chronique.
LE FIGARO - “G. Attal a le talent pour être le chef de notre parti et incarner l'avenir.” Interview.
FRANCEINFO - La faute à l’Europe ? Émission d’actualité européenne.
Mardi 10 et mercredi 11 septembre - Séminaire de rentrée du groupe Renew Europe (Ostende).
Du jeudi 12 au dimanche 15 septembre - Déplacement en Ukraine avec Gabriel Attal.
Samedi 28 septembre - Université de rentrée du MoDem (Guidel).
Mercredi 9 octobre - Débat avec Viktor Orban dans l’hémicycle du Parlement européen.
Jeudi 17 octobre - Accueil des chefs d’Etat et de gouvernement pour le pré-sommet Renew Europe.
Mercredi 23 octobre - Discours en hémicycle sur la politique migratoire européenne.
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À très vite !
Valérie Hayer.